En 2023, l'ONUSIDA a élaboré une approche pour estimer le nombre (c'est-à-dire le dénominateur) de groupes prioritaires exposés au risque de contracter le VIH au niveau sous-national (provinces et/ou districts) qui ont besoin de programmes de prévention du VIH intensifiés. L'outil qui en résulte, le Sub-national HIV Estimates in Priority Populations (SHIPP) Tool, est pré-rempli avec des données pertinentes pour 34 pays prioritaires d'Afrique subsaharienne. Les pays inclus correspondent à ceux qui disposent de données Naomi validées et de données d'enquêtes comportementales récentes.
Les estimations sont générées à partir d'une combinaison de données d'enquête et de résultats de modèles mathématiques. L'approche va au-delà de la simple utilisation de la taille des populations des groupes prioritaires dans les districts à forte incidence et reflète les variations du risque en fonction des facteurs de risque comportementaux. Les estimations de l'incidence du VIH et les catégories de risques comportementaux liés au VIH utilisées dans le modèle sont basées sur la Stratégie mondiale de lutte contre le sida 2021-2026. Pour les estimations de l'incidence du VIH, l'outil SHIPP s'appuie sur le modèle d'estimation à petite échelle de Naomi. L'incidence de fond du VIH dans chaque district est classée selon les quatre niveaux suivants : "faible", "modéré", "élevé" et "très élevé". Les catégories de risques comportementaux liés au VIH utilisées dans l'outil SHIPP sont basées sur le comportement sexuel et le statut de la relation - "sexuellement non actif", "sexuellement actif, un partenaire cohabitant", "partenaires sexuels non réguliers" et "populations clés" pour les femmes, c'est-à-dire les femmes qui vendent des services sexuels. Pour les hommes, il s'agit des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes et des hommes qui s'injectent des drogues. L'outil utilise des estimations de la prévalence des comportements provenant des enquêtes démographiques et de santé (EDS) les plus récentes et, si celles-ci ne sont pas disponibles, des enquêtes sur les indicateurs du sida et/ou des enquêtes d'évaluation de l'impact du VIH sur la population (EIVP) dans chaque pays (par district et par groupe d'âge).
Un article de 2023 appliquant le modèle à 13 pays d'Afrique subsaharienne a révélé que les proportions des groupes à risque variaient considérablement entre les groupes d'âge (65,9 % de la variation totale expliquée), les pays (20,9 %) et entre les districts au sein de chaque pays (11,3 %), mais qu'elles évoluaient peu dans le temps (0,9 %). L'établissement de priorités en fonction du risque comportemental, combiné à l'établissement de priorités en fonction du lieu et de l'âge, a permis de réduire de 19,4 % à 10,6 % la proportion de la population qu'il faut atteindre pour détecter la moitié de toutes les nouvelles infections attendues.
Cet outil est destiné à faciliter la planification des programmes de prévention du VIH, la coordination des partenaires et l'affectation des ressources. Les tableaux de résultats et les visualisations se remplissent automatiquement, ce qui permet aux équipes programmatiques nationales de se concentrer sur la signification des chiffres plutôt que sur la manière dont ils peuvent être calculés.
L'ONUSIDA, avec le soutien du Fonds mondial, a recueilli des commentaires sur l'approche et l'outil, par le biais de webinaires et de formations virtuelles, auprès d'un public diversifié d'équipes de prévention du VIH des gouvernements nationaux, de conseillers stratégiques de l'ONUSIDA et d'autres partenaires - ce qui contribue à la mise à jour de l'outil. En outre, un petit groupe de pays a bénéficié d'un soutien technique virtuel et/ou sur place pour utiliser les estimations afin de sélectionner des cadres et des populations prioritaires et/ou de fixer des objectifs à inclure dans leurs demandes de subvention au Fonds mondial. Il s'agit de l'Angola, du Mozambique, du Kenya, du Cameroun et de la République centrafricaine.
Reconnaissant que l'interprétation des résultats peut nécessiter quelques conseils, un guide de l'utilisateur a été élaboré pour aider toutes les personnes intéressées à comprendre comment utiliser l'outil, en particulier celles qui ne sont pas à l'aise avec les données.
L'ONUSIDA prévoit de mettre à jour l'outil chaque année avec les dernières estimations de Naomi et les données des enquêtes comportementales disponibles dans les pays.